François-Isabel
Je repère François-Isabel lors du pré-lancement de la Grammaire à la douceur de son regard. Al est en jupe ou bien je me lu remémore ainsi. Les jambes croisées et ramassæ sur al-même, al pourrait passer totalement inaperçux, si al ne donnait pas aux autres l’envie de pénétrer son mystère. Mais entrer en contact avec François-Isabel, c’est un peu entrer dans un cercle ésotérique : cela présente le risque ou l’avantage de vivre une expérience hors-normes, et de se faire prendre par une douceur qui a très peu à voir avec les flèches de son esprit affûté. Son profil sur les réseaux sociaux et les interviews dont al a déjà fait l’objet ont raconté son aventure politique, les drames de sa jeunesse et sa transition de genre, ou plutôt son exploration du genre. Je lu retrouve pour un café à la sortie de la BNF, où al se raconte, ne me livrant rien de singulier, mais tout sur les leçons de son expérience.
Interview : Alpheratz – Crédit photo © Palmyre Roigt 2018
Qu’est-ce que Requiem a fait naître ?
L’intérêt pour un style tel que décrit sur la quatrième de couverture.
La linguistique explore l’interdépendance de la langue et de la pensée. Quel exemple peux-tu en donner ?
Je suis næ dans un milieu ouvrier, peu au fait des discours et des écrits des intellectuæls de l’époque. Mon parcours de vie m’a fait rencontrer tardivement les textes LGBTQI+ et féministes. C’est grâce au vocabulaire que j’ai rencontré et appris que j’ai pu nommer des ressentis dont je ne comprenais pas le sens auparavant.
Utilises-tu l’une des ressources du français inclusif ?
Toutes, plus l’usage d’épicènes. Et je recompose aussi de nouveaux pluriels comme par exemple : masculin singulier « lecteur », féminin singulier « lectrice », pluriel neutre inclusif « lecteurices ».
— « Lectaire » existe également.
Pourquoi continuer à lire ?
Pour continuer à apprendre des autres et donc à exister avec les autres.
An autaire phare
Un livre qui a changé ma vie : « King Kong Théorie » de Virginie Despentes. Mais une autrice inspirante : Virginia Woolf. Entre Virginie et Virginia, je ne trancherai pas.
As-tu une cause qui te tient à cœur et que fais-tu pour elle ?
J’ai passé l’âge où l’on prend cause. J’ai commencé tôt, dès 14 ans. Je suis à un moment de ma vie où l’introspection prend le pas sur l’extraversion.
L’école idéale devrait…
Al n’y a pas d’école idéale, ni de prison idéale. On apprend très mal quand on y est contraint par d’autres.
Moi, Présidenx de la République, je…
Ça n’arrivera jamais.
Quel serait le point commun à toutes les guerres ?
Les généraux.
Un exemple de ce qui te touche
Tout. Je suis une fontaine.
Ton dernier mensonge
« Je suis hétérosexuæl ». Pour la dernière fois en 2010.
Une foi ?
Non, une spiritualité.
Une dépendance ?
Dans l’ordre : H2O, O2, quelques neurotransmetteurs (utiles à la vue, à l’ouïe, à l’odorat, au toucher et au goût).
Ton rapport avec le sexe ?
Une saga de maintenant 42 années. Je n’en connais pas encore la conclusion.
Qu’est-ce qui te rend heureuz ?
Si je lu savais cela n’arriverait sans doute plus. Le bonheur arrive toujours sans qu’on y prête attention.
Une parole inspirante
Crois en tes rêves.
Une idée pour s’améliorer ?
Essayer de s’affranchir de à peu près tout ce qui fonctionne avec une promesse de récompense ou de sanction à la clef. Ça ne devrait pas conduire une existence.
Qu’aimerais-tu devenir ?
Je ne pense pas à ce que j’aimerais devenir, mais à ce que j’aimerais rester.
Un symbole ou une vision
Le ciel, tôt le matin, la Lune et Vénus, avant que le soleil n’apparaisse.
Qu’aimerais-tu ajouter ?
10.000 ans après la fin de notre espèce, il ne devrait rester de l’histoire de l’humanité que l’équivalent d’une « empreinte digitale » selon les scientifiques.
Férux de tarot, François-Isabel me tire les cartes. Mon esprit pragmatique s’empare des éléments qui lui sont donnés tandis que mes sens apprécient l’envoûtement que créent ses gestes inconnus, son verbe divinatoire, à l’élocution devenue hésitante. Vouæ à la beauté, à la poésie et à l’exploration de son identité, François-Isabel est désormais artiste.